Les habitants de l’urbanisation Les Planes del Rei accusent le Conseil Municipal de Pratdip de les laissés à l’abandon.
Planes del Rei, urbanisation située dans municipalité de Pratdip (Région du Baix Camp, province de Tarragone, Catalogne), n’a plus d’éclairage public depuis plus de deux ans, souffre constamment de problèmes d’approvisionnements en eau potable et qui, par décision municipal, n’a plus de station d’épuration des eaux usées. La raison de tout cela, disent-ils, est que l’urbanisation n’a toujours pas été « réceptionnée » par le conseil municipal de Pratdip. Le conseil municipal, quant à eux, maintienne que tant que l’urbanisation ne sera pas « réceptionnée », ils ne pourront pas agir.
En Catalogne, des milliers d’urbanisations ne sont toujours pas réceptionnées par leur municipalité. Dans ce cas, elles sont gérées par des Entités Collaboratrices de développement Urbain (ECU), un outil qui, lors de sa création dans les années 1960 et 1970, devait être temporaire. L’idée était que cela ne fonctionnerait que pendant la construction et l’adaptation de chaque urbanisation et que, une fois achevée, l’entité serait dissoute et que ce serait le conseil municipal qui reprendrait l’urbanisation et fournirait des services publics tels que l’éclairage, l’eau courante, la collecte des ordures ou l’entretien des rues.
JORDI OLÀRIA GRAS
Une urbanisation en attente de réception
Des urbanisations telles que Les Planes del Rei n’ont jamais été reçues mais, dans ce cas précis, en septembre 2017, les habitants ont obtenu du Tribunal Supérieur de Justice de Catalogne (TSJC) une condamnation ordonnant la dissolution de l’ECU. Le TSJC à estimer que ça durée de vie était expirée. Cependant, la dissolution n’est toujours pas effective. Dans l’opposition municipale de Pratdip se trouvent deux conseillers d’Avança Pratdip (Avp), un parti créé en 2015 par des habitants de Planes del Rei.
Oscar Serrano, porte-parole de la formation, explique qu' »il y a deux ans et trois mois, un tribunal a déclaré que l’ECU devait être dissoute et liquidée. Cette liquidation n’a pas toujours pas eu lieu. Nous sommes très en colère car le président de l’Entité a disparu et, de ce fait, n’a toujours pas présenté la liquidation ». Le maire de la municipalité, Joan Maria Rovira, déclare que « l’Entité n’est pas complètement dissoute car ils doivent achever la liquidation de tous les comptes en suspens et litigieux; il y a de nombreux propriétaires qui n’ont pas payé leur quote part des charges de l’urbanisation ».
AvP (Avança Pratdip) est né pour être plus fort face à la mairie après des décennies d’appels à des solutions aux problèmes de l’urbanisation. Ils accusent l’ECU d’avoir agi de connivence avec la Mairie pour faire obstacle à l’accueil de l’urbanisation. Au contraire, la municipalité affirme que « nous sommes en train de réaliser un projet de réaménagement urbain ». Il en existe déjà un, mais il doit être mis à jour, et ensuite il doit être mis en œuvre par le système de coopération ».
Le maire ajoute que « cela permettra de répertorier les parcelles, de savoir quelle sont leur surface et, lorsque ces informations seront actualisées au Registre du cadastre, des quotas d’urbanisme devront être appliqués. Si cela n’a pas encore été réalisé c’est parce qu’ils mettent des obstacles ». Oscar Serrano y Glòria Moreno, les deux conseillers d’Avp, en revanche, soutiennent que c’est le manque de volonté des conseils municipaux précédents et du conseil municipal actuel qui fait que le projet n’est pas inscrit au registre, et que le document dont parle le maire est en attente depuis des années.
JORDI OLÀRIA GRAS
Plus de deux ans sans éclairage public
« Cela fait deux ans que nous n’avons plus de lumière, pas un seul lampadaire ne fonctionne », s’exclame Oscar Serrano. Les services publics des urbanisations qui n’ont pas été réceptionnées par les mairies sont en général assurés par les ECU. L’ECU Planes del Rei ayant cessé ses activités mais n’ayant pas été définitivement liquidée, la zone n’a plus personne pour lui fournir ces services. Une situation qu’ils soupçonnent d’être une action conjointe du conseil municipal et de l’ECU.
« En fait, les rues sont dans le noir complet. Nous ne pouvons pas sortir nous promener, ni aller déposer nos poubelles dans les containers », déplorent-ils. Le maire Joan Maria Rovira affirme que, comme l’ECU a disparu, « ils ont cessé de payer les factures d’éclairage public, qui était au nom de l’entité, et on leur a coupé l’électricité ». Le système d’éclairage public n’est cependant pas le seul problème pour lequel AvP et les habitants de Planes del Rei exigent des solutions.
JORDI OLÀRIA GRAS
Alerte au danger de pollution des eaux
La station d’épuration des planes del Rei a également cessé de fonctionner en raison de la disparition de l’ECU. Il s’agit d’une installation qui a été payée par les habitants de l’urbanisation et qui desservait leur maison. « La station d’épuration traite les eaux fécales de 420 maisons mais, étant à l’arrêt, les eaux se déversent dans le ravin, sur le lit de la rivière Llastres et de la falaise de la Dovi, pour ensuite continuer son trajet vers les termes du Mont-roig del Camp et de l’Hospitalet de l’Infant », dénonce Oscar Serrano.
« Nous l’avons dénoncé auprès de l’ACA (l’Agence catalane de l’eau) il y a 2 ans et trois mois. Mais l’ACA ne répond pas ». Consultée par TarragonaDigital, l’ACA nuance que la station d’épuration « assainit seulement une partie de l’urbanisation et qu’elle ne disposait d’aucune autorisation officielle de déchargement formalisée avec l’Agence ». Selon eux, « plusieurs inspections ont été effectuées pour constater le mauvais état des installations et le non-respect des paramètres de rejet ».
AvP affirme que les eaux résiduaires des 420 maisons de l’urbanisation déversées dans la rivière Llastres pourraient polluer l’eau d’un puits voisin. L’ACA soutient que « nous n’avons aucune preuve que les aquifères proches sont contaminés ou que des captations de surface ont pu être touchées, et nous n’avons pas non plus reçu de plaintes à ce sujet ».
FREDERIC ZUCCHERETTI
Trois stations d’épuration en 2022
« Après plus de 1150 années d’histoire, Pratdip n’a toujours pas de station d’épuration » regrette Oscar Serrano. Le maire, lui, rétiaire ces propos: « Comme la station d’épuration appartient à l’urbanisation, que celle-ci n’a pas été réceptionnée, nous ne pouvons rien faire ». Il souligne aussi que « depuis plusieurs années, Pratdip, ainsi que d’autres villages de la région du Baix-Camp, réclament la construction de nouvelles stations d’épuration à l’ACA. L’ACA prévoit les travaux vers 2022. Elle les avait déjà prévus en 2006 mais elle a pris du retard ».
L’ACA confirme qu’elle prévoit de construire la station d’épuration de Pratdip en 2022, ainsi que celles de Planes del Rei et de Santa Marina, une autre urbanisation de la municipalité. Jusque-là, les eaux usées du village sont déversées dans un système de vieux radeaux; « Les dépôts s’accumulent et le liquide s’écoule, mais c’est très précaire », explique le maire.
JORDI OLÀRIA GRAS
Les problèmes de la distribution de l’eau courante.
Avec l’absence d’éclairage publique et la fermeture de la station d’épuration s’ajoutent également des problèmes de distribution de l’eau courante. Glòria Moreno (AvP) explique que « nous avons des réservoirs qui fonctionnaient avec des pompes. C’est comme cela depuis la construction de l’urbanisation (1964). Lorsque l’ECU a disparu, ces pompes n’ont plus été contrôlées et les réservoirs se sont vidés. Du fait qu’ils sont très grands, ces réservoirs prennent beaucoup de temps avant de se remplir. Cela fait deux années que nous subissons régulièrement des coupures d’eau.
« La mairie a fait un devis, nous devons payer la somme de 50.000 euros pour qu’ils autorisent la société qui gère la distribution de l’eau à réaliser les réparations adéquates. Ce qui signifie que nous allons payer deux fois », critique Oscar Serrano. Il rappelle que « depuis 2010 un jugement dit que c’est à la mairie de Pratdip de se charger de fournir et de facturer l’eau à chacun de ces habitants ».
Glória Moreno ajoute, « non seulement l’eau, mais tous les services minimums doivent être pris en charge par le conseil municipal »; Elle soupçonne cependant que la collusion entre l’ECU et la mairie a conduit le conseil municipal, en dépit d’avoir à fournir ces services, à tout de même les déléguer à l’ECU, ce qui a causé le problème actuel. « Le service d’approvisionnement en eau potable est absolument déficient et coute très cher », dit-elle. D’après l’AvP, le prix est 4 à 5 fois plus élevé qu’au village de Pratdip.
JORDI OLÀRIA GRAS
Un sentiment d’abandon
Le sentiment général qu’ont les habitants de Planas del Rey est un sentiment d’abandon. « Les maires qui se sont succédés ainsi que le maire actuel insistent sur le fait que nous sommes une urbanisation privée; Entre 55 et 60% des impôts du budget municipal proviennent des habitants de Planes del Rei. Mais jamais un centime n’a été investi dans notre urbanisation ». Ils dénoncent le fait que les subventions que demande n’importe quelle commune aux institutions supérieures sont accordées en fonction du nombre d’habitants de chaque village. « Ici, ils le demandent au nom des 800 maisons qui composent Pratdip et Planes del Rei. Mais seule Pratdip en profite »
A titre d’exemple, il y a les deux ponts qui se trouvent aux deux entrées de l’urbanisation. C’est deux ponts sont à 1,50m au-dessus du ruisseau. Il y a quinze ans, ils ont été déclarés zone inondable et depuis, rien n’a été fait ». Le maire, Joan Maria Rovira, admet qu’à Planes del Rei « ils y a de nombreux problèmes et les habitants doivent faire une série de réformes importantes. Mais comme l’urbanisation n’a pas été réceptionnée, le conseil municipal ne peut pas agir ».
Il cite à nouveau le projet d’urbanisme à enregistrer. « Une fois qu’il sera enregistré, nous commencerons à faire des travaux. Et quand tous les services seront adaptés, l’urbanisation sera réceptionnée. Mais pour l’instant, la municipalité ne peut pas agir, car malheureusement, ce n’est pas de son ressort. Pour les riverains de l’urbanisation, c’est une situation due à un manque de volonté politique.
Une situation qui se répète dans tout le pays
AvP accuse le conseil municipal, et pas seulement le conseil municipal actuel, d’avoir collaboré avec l’ECU pour éviter que les problèmes ne soient résolus et pour prolonger la situation sans prendre de mesures. La même volonté qui les a conduits, en 2015, à fonder le parti Avança Pratdip pour renforcer leur détermination à ce que des solutions soient trouvées, les a amenés à tisser un réseau dans toute la Catalogne.
Ils expliquent qu’ils sont en contact avec des dizaines d’autres urbanisations qui se trouvent dans des situations similaires. L’objectif est de promouvoir, depuis Planes del Rei, un front commun pour maintenir la pression sur chaque conseil municipal et égalemnt pour faire entendre leur voix au Parlement de Catalogne. C’est en effet la chambre catalane qui pourrait mettre à jour la loi existante afin de résoudre un problème largement répandu.
Par Jordi Olària Gras
Photos: Jordi Olària Gras, Frederic Zuccheretti
Meilleur article sur la problématique de notre urbanisation et des autres urbanisations en Catalogne.
Le journaliste fait le constat d’une situation mais ne dénonce pas que la Mairie, la Generalitat, et l’Etat Espagnol, s’appuyant sur une loi incomplète et non contraignante, ont tout intérêt à ce que les choses restent comme elle sont. En effet, ils encaissent des impôts IBI et des subventions grâce aux habitants de ces urbanisations, lesdits impôts et subventions ne profitant qu’aux villages d’autochtone.
La loi a été faite pour que nous remplissions les caisses du budget municipal, ce qui intéresse l’Etat car il n’a pas à mettre la main à la poche. La Mairie, elle, a tout intérêt de ne pas nous intégrer et à nous laisser le plus longtemps possible dans cette situation pour continuer à percevoir seul cette manne financière.
La bonne nouvelle c’est que cet après midi j’ai eu un entretien avec le maire de la commune de Valencienne qui a été dans le même cas de figure et m’a assuré que nous pouvons obliger la Mairie à nous donner les services minimums et nous intégrer à moindre cout à condition que nous fassions les travaux manquants aux normatives de l’année ou a été accordé le permis d’urbaniser (1964).
Frederic Zuccheretti